30 novembre 2012 - Conseil de sécurité - Femmes, Paix et sécurité - Intervention de M. Gérard Araud, représentant permanent de la France auprès des Nations unies

« Le rôle des organisations de femmes de la société civile dans la prévention et la résolution des conflits armés et la consolidation de la paix »

Monsieur le Président,

Je vous remercie pour l’organisation de ce débat. Je remercie également de leurs présentations le le vice Secrétaire général, M. Eliasson, la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Mme Michelle Bachelet, le Chef des Opérations de Maintien de la Paix, M. Hervé Ladsous, ainsi que Mme Bineta Diop, Directrice exécutive de l’ONG Femmes Africa Solidarité.

Le Conseil de sécurité reconnait deux faits : d’une part, les femmes sont les premières victimes civiles des conflits ; et d’autre part, elles ne sont jamais ou presque associées aux négociations politiques de sortie de crise. Le Conseil en a déduit deux priorités : leur protection, qui doit être renforcée et leur nécessaire intégration dans les processus de paix et de résolution des conflits.

Cet appel a été en partie entendu : aujourd’hui, douze ans après le vote de la résolution 1325, les Nations unies prennent de mieux en mieux en compte le rôle des femmes dans leur action en faveur de la paix et de la sécurité.

Les femmes sont de plus en plus présentes, y compris à l’échelle de direction, dans les équipes de médiation ainsi que dans les missions de terrain des Nations unies.
ONU Femmes, sous la direction de Michelle Bachelet, a amélioré la cohérence et les efforts de protection et de promotion des femmes ; le Conseil de sécurité lui-même prend mieux en compte les femmes dans ses résolutions.

Pourtant, dans ce domaine, nous devons faire davantage. La France souhaite notamment un accroissement du nombre de postes de conseillers pour la protection des femmes.

Monsieur le Président,

Ces progrès ne peuvent faire oublier que les femmes restent encore largement négligées dans les processus de prévention et de résolution des conflits, qui sont encore trop souvent l’affaire exclusive des hommes. Surtout, en situation de crise, elles restent la cible privilégiée de violences intolérables. Dans les situations de post-crise, leurs souffrances sont bien souvent ignorées.

Cette lacune se traduit souvent dans les accords de paix. Ainsi, en 2011, neuf accords de paix ont été signés dans le monde, mais seulement deux, au Yémen et en Somalie, prévoient des dispositions spécifiques sur les femmes.

Or, c’est précisément durant les situations de transition que des progrès pour les femmes peuvent être accomplis.

C’est pourquoi la consultation avec les associations de femmes de la société civile doit encore être approfondie et, dans ce cadre, les réunions officieuses du Conseil de sécurité avec ces femmes actives sur le terrain doivent être poursuivies, encouragées et élargies.
Je tiens également à saluer le travail inlassable de Mme Bineta Diop qui, à la tête de Femmes Africa Solidarité, œuvre à la mise en œuvre de la résolution 1325 dans plusieurs Etats africains, notamment en République démocratique du Congo, au Darfour, au Rwanda ou encore en Côte d’Ivoire.
Dans ces jours tragiques je voudrais souligner tout ce qui se passe dans l’est de la RDC où, de nouveau, la population civile est la victime des affrontements, et tout particulièrement les femmes.

Monsieur le Président,

Les femmes dans les situations de conflit restent de manière systématique la cible de violences inacceptables.

Elles le sont lorsqu’elles s’engagent. L’actualité récente nous a encore montré que les défenseures des droits de la femme étaient la cible de tous les extrémistes, qui veulent les faire taire. En Afghanistan, les femmes qui prennent une part active à la reconstruction de leur pays et participent à la vie politique, sont menacées par les mouvements extrémistes.

Elles demeurent également des cibles privilégiées des violences sexuelles qui continuent à être utilisées comme une arme de guerre pour terroriser les populations civiles.

Le Conseil de sécurité s’est déjà prononcé à de nombreuses reprises sur la situation en République démocratique du Congo, à laquelle je me référais, condamnant les campagnes barbares de viols et de violences sexuelles orchestrées par les mouvements rebelles dans les Kivus.

Au Mali aussi, les femmes sont les premières victimes des violences déchaînées contre elles par les groupes islamistes qui ont pris le contrôle du nord du pays.
Des rapports préoccupants font état du recensement par les groupes islamistes des femmes qui auraient eu des enfants hors des liens du mariage. Il ne fait aucun doute que ces femmes seront par la suite les cibles de violences.

Nous ne pouvons rester passifs face à cette réalité.

Je salue à cet égard le travail de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les violences sexuelles dans les conflits. Grâce à ses efforts, nous disposons désormais d’une liste des groupes utilisant les violences sexuelles de manière orchestrée. Cette liste doit permettre de mettre un terme à leur impunité.

Face à ces crimes, la lutte contre l’impunité est en effet essentielle. A cet égard, la Cour pénale internationale doit pouvoir jouer tout son rôle.

Par ailleurs, la France se félicite de la politique de tolérance zéro vis-à-vis du personnel des Nations unies mise en œuvre par le Secrétaire général, politique qui doit se poursuivre.

Monsieur le Président,

La France a adopté en 2010 un plan national d’action pour la mise en œuvre des résolutions Femmes, paix et sécurité. Nous menons, dans ce cadre, des actions de coopération internationale, en partenariat avec ONU Femmes. Nous finançons ainsi des programmes de lutte contre les violences dans six pays d’Afrique et du Monde arabe, y compris en Jordanie, au Mali et au Niger, mises en œuvre par ONU Femmes et en relation étroite avec les organisations de la société civile.

Depuis 2011, nous travaillons également avec ONU Femmes pour améliorer l’accès des femmes à la justice en Afghanistan.

Vous pouvez donc être assuré de l’engagement et de la détermination de la France à promouvoir et à défendre les droits des femmes et à travailler sans relâche à la mise en œuvre des résolutions Femmes, Paix et Sécurité.

Je vous remercie.


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Dernière modification : 26/02/2015

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