28 juillet 2016 - Débat ministériel sur la consolidation de la paix en Afrique : La sécurité en Afrique est l’objectif premier de la France [en]

Débat ministériel sur la consolidation de la paix en Afrique - Discours de M. André Vallini, Secrétaire d’Etat chargé du Développement et de la Francophonie - Conseil de sécurité - 28 juillet 2016

Monsieur le Président,
Cher Monsieur Kishida,
Monsieur le Secrétaire général, Cher Monsieur Ban-Ki moon,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Je remercie la présidence japonaise d’avoir organisé ce débat ouvert sur la consolidation de la paix en Afrique et d’avoir pris l’initiative de la déclaration présidentielle qui nous venons d’adopter d’être adoptée.

Rien de ce qui se passe en Afrique ne sera jamais indifférent à la France du fait de ses liens historiques avec ce continent.

Et chaque fois que c’est nécessaire, la France prend ses responsabilités en Afrique.

Lorsque Bamako risquait de tomber aux mains des terroristes, nous avons pris nos responsabilités.

Lorsqu’un génocide menaçait de se produire en RCA, nous avons pris nos responsabilités.

Et face aux conflits qui persistent en Somalie, au Soudan, au Soudan du sud ou en RDC, nous prenons aussi nos responsabilités.

Pour la France, être engagée en Afrique, cela ne veut pas dire agir seule et à sa guise, cela veut dire agir à la demande de nos partenaires africains, agir avec eux, et bien sûr agir aussi dans le respect du droit international. Les interventions militaires décidées par le président François Hollande ont toutes été approuvées et accompagnées par l’Union africaine et par l’ONU.

Agir en Afrique ne veut pas dire non plus intervenir militairement puis laisser les pays livrés à eux-mêmes, cela veut dire rester à leurs côtés et les accompagner sur le chemin de la sécurité (I), de la démocratie (II) et du développement (III).

I. D’abord la sécurité

1) La sécurité du continent africain est notre objectif premier. Je pense à l’opération Barkhane dans le Sahel, et plus particulièrement au Mali où se déploie également la MINUSMA.

Je pense aussi à notre présence soutenue en RCA aux côtés de l’opération de l’Union africaine, la MISCA, puis de l’opération des Nations unies, la MINUSCA.

Nous appuyons aussi les opérations africaines de maintien de la paix, et je pense en particulier à la Force multinationale mixte dans la région du lac Tchad, décidée lors du sommet de Paris sur la lutte contre Boko Haram : la France consacre des moyens humains et logistiques importants à la coordination des pays africains attaqués par ce groupe terroriste.

2) La responsabilité première de chaque Etat, c’est de garantir la sécurité de ses citoyens et de protéger sa population. Cela suppose des forces de police et des troupes militaires suffisamment nombreuses, bien formées et bien équipées.

C’est pourquoi la France agit en matière de coopération sécuritaire, notamment dans les pays du Sahel, pour permettre aux Africains d’assurer autant que possible leur sécurité par eux-mêmes. Nous formons plus de 20 000 soldats africains par an en France et en Afrique et nous jouons aussi un rôle actif pour déployer des missions européennes sur la sécurité en Afrique, comme actuellement en RCA.

II/. Après la sécurité, la démocratie

La sécurité ne doit jamais être recherchée au détriment du respect de l’Etat de droit. Les droits de l’Homme, le renforcement des institutions démocratiques, la lutte contre l’impunité et la mise en place d’une bonne gouvernance sont des impératifs.

Dans ce cadre, la tenue d’élections régulières et transparentes prend toute son importance et la France soutient résolument les règles de l’Union africaine, qui s’opposent à des modifications tardives et non consensuelles de la Constitution d’un pays, en particulier lorsqu’elles visent à empêcher une alternance démocratique.

La France toujours mobilisée dans la défense des droits de l’Homme. Nous venons ainsi de renouveler, en le renforçant, le mandat de la MINUSCA, déployée en RCA, que nous avons voulu multidimensionnel : en effet, il ne concerne pas seulement la protection physique des civils, il touche également à l’Etat de droit, à la lutte contre l’impunité, à la bonne gouvernance et au renforcement de l’autorité de l’Etat, partout sur le territoire, face à la menace des groupes armés.

C’est dans ce contexte que la France organisera les 26 et 27 octobre prochains, à Paris, une conférence ministérielle sur le maintien de la paix en milieu francophone.

III/. Enfin, après la sécurité et la démocratie qui doivent accompagner et consolider le rétablissement de la paix, je veux parler du développement humain.

A ce sujet, je souhaiterais concentrer mon propos l’éducation :

L’éducation, nous le savons tous, est le socle fondateur du développement, qu’il s’agisse de santé, d’environnement, de droits des femmes, de lutte contre la radicalisation ou encore de gouvernance démocratique. Tout passe par l’éducation, tout commence par l’éducation. Aucun pays n’a réellement décollé avant que 80% de sa population n’ait achevé le cycle primaire.

Et les progrès réalisés depuis 15 ans sont considérables : le nombre d’enfants non scolarisés a été divisé par deux dans le monde.

Pour autant les défis restent majeurs du fait des crises, du sous-financement chronique et bien sûr de l’explosion démographique. Aujourd’hui 60 millions d’enfants sont totalement privés d’éducation dans le monde.

D’ici 2030, nous devrons scolariser plus de 600 millions d’enfants supplémentaires, dont 450 millions en Afrique. Les besoins d’investissements sont énormes, ils s’élèvent à 40Mds de dollars par an.

Il nous faut donc changer d’échelle et la communauté internationale doit réinvestir, de façon substantielle et urgente, comme elle a su le faire dans le domaine de la santé, dans une éducation de qualité, notamment en Afrique.

C’est pourquoi je salue le travail de la commission animée par Gordon Brown, à l’initiative de Ban Ki-moon, notamment autour de l’éducation en situation d’urgence, qui est centrale pour préserver la paix en Afrique. Les crises bouleversent la cohésion sociale, elles mettent en péril la capacité des Etats à se reconstruire. Et elles empêchent aujourd’hui 75 millions d’enfants de suivre une scolarité normale. Le fonds « Education cannot wait », mis en place à l’occasion du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul, apporte une première réponse.

En conclusion, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, il n’y a pas une fatalité des conflits en Afrique : regardons ce continent dans sa globalité, en ayant à l’esprit les échecs mais aussi les réussites des Africains et de la communauté internationale dans de nombreux domaines qui laissent espérer que l’Afrique sera un jour un continent de paix.

Je vous remercie.

Dernière modification : 15/03/2018

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