Ce Conseil doit se concentrer sur le présent et sur l’avenir

INTERVENTION DE L’OTAN EN YOUGOSLAVIE EN 1999

INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE
REPRESENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SÉCURITÉ

New York, le 25 mars 2024

Madame la présidente,

Plusieurs délégations, dont la France, ont exprimé de fortes réserves au cours des dernières semaines concernant cette initiative de la Russie, lancée en l’absence de toute concertation préalable avec la Serbie, mise devant le fait accompli. J’avais demandé à ce que nous évoquions le sujet en consultations le 6 mars, il y a donc presque trois semaines, et j’avais alors indiqué que la Russie pouvait, si elle le souhaitait, organiser une discussion sur ce sujet dans le cadre d’une réunion en format Arria. Cette possibilité reste ouverte. La Russie a ignoré ces remarques. Je rappelle que le Conseil de sécurité ne se réunit pas sur un ordre du jour proposé unilatéralement par l’un de ses membres. Celui-ci doit être consensuel ou soumis à discussion. Aussi nous n’avons aujourd’hui d’autre choix que d’objecter à l’ordre du jour provisoire qui vient d’être énoncé par la présidente.

La responsabilité de ce Conseil est de maintenir la paix et la sécurité internationales. Il est difficile de voir comment le thème de la réunion d’aujourd’hui s’inscrit dans ce cadre. La Russie a argué du fait que la situation du Kosovo est une question d’actualité dont a à connaître ce Conseil. On s’étonne d’ailleurs à ce titre qu’elle ait dans le même temps objecté à la participation du Kosovo à la présente réunion. Restons sérieux. Se livrer à la pure rétrospective historique, commémorer des anniversaires : ce n’est pas le rôle du Conseil de sécurité. Le représentant permanent de la Fédération de Russie l’avait affirmé dans cette salle, en 2015, rappelant qu’il fallait laisser l’Histoire aux historiens, et la justice aux tribunaux.

Il est évident, y compris pour la Russie, que la thématique proposée aujourd’hui ne contribuera d’aucune manière à faire avancer le règlement du conflit. La Russie gaspille à dessein, une fois encore, les ressources de ce Conseil. Elle instrumentalise avec cynisme l’intervention militaire de l’OTAN en 1999 pour diffuser son révisionnisme. Elle cherche surtout à justifier sa guerre contre l’Ukraine, comme elle le faisait précédemment pour justifier sa politique étrangère agressive : en Géorgie en 2008, et en Crimée en 2014. Elle le fait au détriment des parties concernées, à commencer par la Serbie, qui n’a pas été consultée au préalable sur cette initiative. Il n’y a en effet pas d’alternative, ni pour la Serbie, ni pour le Kosovo, que de parvenir à un accord qui règle de manière durable leur différend. Ce Conseil doit se concentrer sur le présent et sur l’avenir.

Je vous remercie.

Dernière modification : 25/03/2024

Haut de page