La Russie porte une responsabilité majeure dans l’échec de ce processus de négociation [en]

UKRAINE

INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST
REPRÉSENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES,
CHARGEE D’AFFAIRES

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, le 12 février 2024

Je remercie Miroslav Jenča pour son exposé.

Commençons par rappeler ce qu’étaient les accords de Minsk : tout à la fois des accords de cessez-le-feu, et des accords politiques, dont le principal objectif était la réintégration de certaines régions de Donetsk et de Louhansk - sous pleine souveraineté ukrainienne - en échange d’un statut d’autonomie spécial accordé à ces régions.

La Russie a choisi d’y mettre fin, de façon unilatérale, et par la force. Dès le mois d’avril 2021, elle a massé ses troupes et ses matériels à la frontière ukrainienne. Le 21 février 2022, elle a unilatéralement reconnu l’indépendance des républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, rendant caducs les accords de Minsk. Trois jours plus tard, elle a envahi l’Ukraine.

Madame la Présidente,

Quoiqu’en dise la Russie, les accords de Minsk avaient permis une réduction significative du niveau de violence. Ils avaient mis fin à une phase de haute intensité du conflit, qui avait duré près d’un an.

Il existe un constat indéniable : le niveau de violence que subissent les populations du Donbass, de toute l’Ukraine, depuis le lancement de la guerre d‘agression russe contre l’Ukraine le 24 février 2022 est sans commune mesure avec la situation qui prévalait auparavant. Tout comme l’est le nombre de victimes civiles et militaires. Plus de 10 000 morts civils. Et des centaines de milliers de soldats tués, des deux côtés.

Madame la Présidente,

Des perspectives de règlement pacifique du conflit existaient. La France et l’Allemagne étaient fortement investies dans les discussions du format Normandie. Au cours des jours et des semaines qui ont précédé l’invasion, le Président français et le Chancelier allemand avaient multiplié les efforts en faveur de la désescalade. Nos deux pays ont tenté sans relâche, et de bonne foi, de 2015 à 2022, de permettre à la Russie et l’Ukraine de trouver un terrain d’entente pour appliquer les accords de Minsk.

La Russie porte une responsabilité majeure dans l’échec de ce processus de négociation. Pendant sept ans, elle a contribué à attiser les tensions dans le Donbass. Elle s’est retirée du mécanisme de vérification du cessez-le-feu dès l’année 2016. Elle a contribué à empêcher la mise en œuvre des mesures qui avaient été décidées lors du sommet de Paris de décembre 2019. Elle a refusé de s’impliquer de bonne foi dans les discussions en se prétendant médiatrice alors qu’elle était partie au conflit. Son objectif était, depuis le début, la déstabilisation interne de l’Ukraine.

Rien ne justifie la violation de la Charte des Nations Unies. Il est plus que temps que la Russie cesse les faux-semblants, admette l’impasse que constitue le recours à la force en Ukraine, entende les appels qui lui sont faits. Celui de la Cour internationale de justice le 16 mars 2022. Ceux de l’Assemblée générale, à plusieurs reprises, à une immense majorité.

Je vous remercie.

Dernière modification : 12/02/2024

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